Open City est le titre dun roman de Teju Cole dont le personnage principal est un jeune psychiatre originaire du Nigeria, qui déambule dans les rues de Manhattan. Dans ce roman, lauteur décrit latmosphère de beaucoup de villes cosmopolites et la vie de leurs habitantes et habitants, qui ont souvent leurs racines dans dautres parties du monde. Des récits comparables pourraient aussi avoir Hambourg pour décor.
Hambourg est une ville cosmopolite, donc une ville ouverte sur le monde, qui entretient depuis des siècles des relations avec le reste du monde. Le commerce ne connaissait pas de frontières, il combattait les blocus continentaux et remplaçait les mauvaises cartes marines par de meilleures cartes dès quelles étaient tracées. Tout cela favorisait les échanges culturels, qui se développèrent spontanément. Et, bien entendu, les citoyennes et citoyens de la ville sont bientôt partis à la découverte du monde et sy sentent chez eux aujourdhui encore. Et, bien entendu, Hambourg a toujours attiré des gens du monde entier. Hambourg est une ville qui a depuis toujours accueilli de nouvelles citoyennes et de nouveaux citoyens qui lont marquée de leur empreinte.
Cet esprit sexprime dans la constitution de Hambourg : en tant que ville portuaire dimportance mondiale, la ville libre et hanséatique de Hambourg est investie de par son histoire et sa situation géographique dune mission particulière. Elle veut être un médiateur au service de la paix entre toutes les parties et tous les peuples du monde.
Arriver dans la grande ville
Hambourg est une Arrival City, telle que la décrit lauteur Doug Saunders : une ville de migrations. Avec laugmentation de sa population à près de 1,8 million dhabitants depuis 200 ans, la tendance sest encore accélérée. Rien que depuis le début de la deuxième moitié du 20e siècle, la composition de la population de la ville a tellement changé que lon recense aujourdhui quelque 530 000 migrants et descendants de migrants. Près dun tiers des habitants de la ville est issu de limmigration. Ces nouvelles concitoyennes et ces nouveaux concitoyens sont venus parce quils espéraient une vie meilleure pour eux et pour leurs familles. Le dynamisme suscité par cet espoir est indispensable à la prospérité autant quà la vie de la ville.
Hambourg est une ville en expansion dont la population croît. Elle devra donc constamment veiller à ce que ce dynamisme nachoppe pas sur des frontières, anciennes et nouvelles, peut-être infranchissables. Faire payer un droit de barrage aux portes de la ville, comme cela se faisait encore jusquau milieu du 19e siècle, serait aujourdhui une idée absurde ; mais sous une autre forme également, aucun barrage, aucune frontière ne doivent entraver le développement de la ville.
Une frontière, qui nest pas visible de prime abord est, par exemple, le manque de logements. Aujourdhui, il y a dans la ville environ 900 000 logements. Vers 2020, les besoins se chiffreront probablement à un million de logements ; il faut donc en construire de nouveaux chaque année, pour que toutes les habitants et tous les habitants de la ville aient une habitation agréable et à la portée de leur bourse.
Dans le domaine de léducation également, il peut y avoir des barrières insurmontables. Pour les abaisser, Hambourg investit dans léducation des jeunes enfants et offre un réseau étendu de crèches et de jardins denfants. Presque toutes les écoles primaires et secondaires accueillent les enfants toute la journée. À Hambourg, presque tous les établissements denseignement secondaire, les lycées comme les écoles de quartier, proposent des cursus conduisant au baccalauréat. Cest aussi pour baisser ces barrières que Hambourg a créé une agence pour la qualification des jeunes, où toutes les administrations de la Fédération et du Land uvrent de concert pour assurer une qualification professionnelle aux jeunes à la fin de leur scolarité. À Hambourg, lécole est gratuite : dici la fin de lannée, les droits dinscription pour la demi-journée dans les crèches et les jardins denfants, qui ont déjà diminué, seront entièrement supprimés. Dans les écoles, les livres sont fournis gratuitement et les universités sont gratuites : lorigine ne doit pas être un handicap.
Laboutissement de la « Pursuit of Happiness » la recherche du bonheur dépend aussi de la question de savoir si les frontières à lintérieur de la ville entravent le développement du potentiel de chaque individu. Si la ville de Hambourg prend au sérieux sa tradition cosmopolite, il faut quelle abolisse ces frontières que ne sont pas visibles au premier coup dil.
Citoyenneté et cohésion
A fortiori dans une ville État aussi ancienne et ayant une tradition aussi riche que Hambourg, la citoyenneté fait partie de la conception que nous avons de la collectivité. Pourtant, malgré louverture desprit de la ville, pendant de longues périodes au cours de lhistoire, la citoyenneté nétait accordée quà une petite partie des habitantes et habitants. Encore au début du 20e siècle, un système de suffrage censitaire pré-démocratique privait la majorité de la population, dont toutes les femmes, ainsi que le parti social-démocrate, qui était soutenu par cette majorité, du droit de représentation et de participation. Ce nest quen 1918/19, sous la pression de bouleversements révolutionnaires après la première guerre mondiale, que la participation de lensemble de la population est devenue possible.
Une ville de migrations se doit de veiller sans relâche à faire des habitants de souche, mais aussi des nouveaux arrivants, des citoyennes et des citoyens égaux en droit. Environ la moitié des immigrants récents a déjà la nationalité allemande. Parmi les 50 pour cent qui ne lont pas, 137 000 pourraient la demander conformément à la législation allemande actuelle. Jécris en ma qualité de maire à ces 137 000 habitantes et habitants de Hambourg et les invite à demander la nationalité allemande. Avec beaucoup de succès : le nombre des naturalisations a beaucoup augmenté. Dans la seule année 2013, nous avons célébré 7 329 naturalisations, soit deux fois plus quen 2009. Les cérémonies, qui se déroulent dans la plus belle salle de lhôtel de ville de Hambourg, témoignent de manière impressionnante dune intégration réussie.
Une ville de migrations se doit aussi, dans son propre intérêt, de trouver des moyens de reconnaître les qualifications acquises à létranger. Hambourg est le premier des 16 Länder à avoir adopté une loi reconnaissant ces qualifications, qui va de pair avec la nouvelle loi fédérale sur la reconnaissance des qualifications, de telle sorte que les qualifications dans des métiers reconnus peuvent maintenant être validées au niveau de la Fédération et du Land. Nous voulons que, par exemple, un ingénieur afghan, une infirmière diplômée formée en Syrie ou un médecin roumain puissent exercer ici aussi, dans la ville, le métier quils ont appris.
Dans une ville cosmopolite, les membres de religions différentes cohabitent avec des citoyennes et des citoyens sans confession. À côté de lÉglise luthérienne, à laquelle adhèrent la plupart des habitants de Hambourg, il y a aussi depuis toujours des catholiques, des membres dautres confessions chrétiennes et la communauté juive, qui augmente de nouveau depuis la Shoah. Depuis longtemps déjà, et beaucoup plus encore aujourdhui, il y a aussi des musulmans et des alévites. Cest pourquoi un pas important a été accompli dans la reconnaissance de cette nouvelle réalité lorsque la ville, qui avait déjà des acccords avec lÉglise protestante, le Saint-Siège et la communauté juive, a passé accord avec les musulmans et les alévites.
Protection
Dans son roman, Teju Coles décrit la ville de New York comme une ville cosmopolite. Le personnage principal, Julius, sentretient avec Saidu, du Libéria, qui a erré de Tanger à Lisbonne puis a essayé de se rendre aux États-Unis, où il attend dêtre expulsé. Ce récit montre déjà combien la fuite et la migration économique marquent limage de notre monde.
Cela nest pas nouveau. Ce genre de mouvement migratoire existe depuis longtemps déjà. Beaucoup dAllemands également ont fui et ont émigré. Des millions ont embarqué à Hambourg pour tenter leur chance dans le nouveau monde.
Et beaucoup de citoyennes et de citoyens de la ville ou leurs ancêtres se sont réfugiés à Hambourg. Jadis, cétaient des juifs portugais qui ont pu sétablir à Altona, ou des Néerlandais persécutés pour leur appartenance religieuse et, plus tard, des réfugiés ou des personnes déplacées dEurope de lEst et dAllemagne de lEst. Aujourdhui, la ville héberge plus de 10 000 réfugiés, qui ont demandé lasile en Allemagne ou veulent rester en Allemagne pour des raisons humanitaires. La ville y consacre plusieurs centaines de millions deuros. Si, comme en 2013, le nombre de réfugiés augmente soudain très fortement, la recherche dhébergements est à elle seule déjà un défi, et un défi de taille. Un défi que la ville relève cependant avec un grand soutien et la solidarité de ses citoyennes et de ses citoyens. Il est important pour moi quoutre un hébergement, nous noubliions pas léducation des enfants. Cest pourquoi la ville a décidé de donner aux enfants en âge daller à lécole de toutes les familles qui ont cherché refuge chez nous la possibilité dêtre scolarisés.
En vérité, et ceci est amer, il y a dans nos villes des personnes, dont le nombre nest pas connu, qui nont ni papiers ni titre de séjour. Elles doivent sattendre à tout moment à être découvertes et à ne pas pouvoir rester en Allemagne. Nous ne devons pas ignorer cette réalité, qui fait partie de notre quotidien. Pour empêcher de graves problèmes, Hambourg propose une prise en charge médicale. Et lorsque les enfants vont à la crèche, au jardin denfants ou à lécole, leur situation irrégulière nest pas communiquée à ladministration des étrangers. Et les coûts sont bien entendu remboursés aux jardins denfants et autres structures daccueil.
LEurope
Dun autre côté, la plus grande perméabilité des frontières de lAllemagne profite depuis longtemps à Hambourg. Il y a encore des frontières en Europe, mais celles qui séparaient les États membres de lUnion européenne ont été abolies.
Hambourg est une grande ville dEurope. Environ cinq millions de personnes vivent dans la métropole et sa région. Cela fait environ un pour cent de la population totale de lUnion européenne, qui compte quelque 500 millions dhabitants.
Hambourg fait partie dun marché de lemploi européen totalisant quelque 220 millions de travailleuses et de travailleurs, qui peuvent choisir librement et sans restriction leur lieu de travail en Europe. Cest un grand marché de lemploi intérieur. Même si, à cause de nombreuses barrières linguistiques mais aussi, sans doute, pour diverses autres raisons, la migration interne des travailleuses et des travailleurs de lUE nest pas aussi développée quaux États-Unis, par exemple. La crise de lemploi qui a frappé tout récemment beaucoup dÉtats membres devrait cependant avoir contribué à accélérer lintégration du marché intérieur et à augmenter la mobilité. Cela est sûrement vrai pour les jeunes de ces pays dont les perspectives professionnelles sont à long terme incertaines. Depuis peu, les travailleuses et travailleurs de Bulgarie et de Roumanie jouissent eux aussi de lentière liberté de circulation. Pour lAllemagne et Hambourg, cela devrait avant tout susciter une nouvelle dynamique de croissance.
À propos : à la différence des États-Unis, les États membres de lUnion européenne ont des systèmes de protection sociale très différents. Notamment en ce qui concerne la protection sociale des chômeurs. Daprès la logique du fonctionnement dun marché de lemploi européen et, du reste, daprès la logique et lesprit de lunité européenne , il faudrait que ces systèmes de protection sociale soient unifiés. Compte tenu du niveau élevé des prestations en Allemagne et dans quelques autres États dont léconomie est prospère, comparativement aux autres États membres, cela ne devrait pas être une perspective réaliste pendant longtemps. Les travailleuses et les travailleurs, par exemple en Scandinavie, en Allemagne, en Autriche ou encore dans les pays du Benelux, naccepteront pas une dégradation de leurs droits, ce qui est compréhensible. Il faut donc, à plus forte raison, viser au moins à rendre les systèmes de protection sociale mieux compatibles. Dune part, la liberté de circulation ne doit pas être restreinte et il faut refuser les tentatives réitérées dattiser la peur et lagressivité dans des discours populistes sur le soi-disant « tourisme social » et sy opposer. Dautre part, il ne faudrait pas négliger le fait que la mobilité peut être amplifiée ou déclenchée par la perspective de transferts sociaux, et veiller à ce que cette perspective soit la plus faible possible.
Les frontières extérieures de lEurope
Alors que dans lUnion européenne, les frontières intérieures tombent et quun grand espace juridique unique et un marché intérieur des biens, des services et de lemploi voient le jour, lEurope entreprend de sécuriser ses frontières communautaires.
Ces frontières ne sont pas hermétiques. Pour les personnes qualifiées dÉtats tiers, lAllemagne a ouvert ses frontières dans le cadre du droit européen. Toute personne diplômée dune université allemande qui trouve un emploi adéquat peut de facto rester et sétablir durablement en Allemagne. Celles qui ont acquis un diplôme de formation professionnelle en Allemagne et justifient dun emploi peuvent également rester. Grâce à la carte bleue européenne, toute personne justifiant dun emploi avec un salaire brut de plus de 46 400 euros par an peut venir avec sa famille et sétablir de facto durablement en Allemagne. Les spécialistes de haut niveau, comme par exemple actuellement les scientifiques, les mathématiciens, les ingénieurs, les médecins et les informaticiens, obtiennent également une carte bleue européenne même sils gagnent moins. Dans ce cas, leur salaire doit être comparable à celui des travailleuses et travailleurs nationaux, mais ne doit cependant pas être inférieur à 36 192 euros par an. La carte bleue européenne facilite le recrutement de ces travailleurs qualifiés, sans avoir à examiner si dautres travailleurs doivent être pourvus en priorité de ces emplois. Avec la carte bleue européenne, les conjoints également ont un accès sans restriction au marché de lemploi. La ville soutient cette évolution et elle a créé pour cela un centre daccueil, le Hamburg Welcome Center, où les étrangers qui arrivent dans la ville sont conseillés et aidés avec compétence pas seulement en allemand, et pas seulement sur les questions concernant les droits des étrangers, mais aussi pour la recherche dun logement, dune école, dune formation ou encore dune place au jardin denfants.
Pourtant, pour beaucoup dautres, les frontières de lEurope sont un mur auquel ils se heurtent. Et toutes les frontières ne sont pas visibles. Par exemple, quand nous parlons de lEurope ou de lAfrique, nous devons constater, même cinquante ans après la fin de lépoque coloniale, que les voisins ne vont pas encore au-devant les uns des autres sur un pied dégalité. Les raisons sont complexes et multidimensionnelles ; la bonne volonté et laide économique ne sont pas suffisantes à elles seules pour améliorer la situation. Cela est vrai aussi pour une coopération au développement, même si elle est bien intentionnée et conçue avec doigté.
Contre la domination délites corrompues et autoritaires dune part, le dumping commercial des produits importés et le casse-tête de lélimination des déchets (automobiles ou déchets électroniques) dautre part, « laide à saider soi-même » ne peut apparemment pas faire grand-chose. De même, la politique de la pêche poursuivie jusquici par lUE est sans arrêt la cible de critiques virulentes. Ce qui lui est reproché : outre les prises illégales incontrôlées par des bateaux de pêche navigant sous faux pavillon, ce sont aussi des chalutiers dEurope qui écument les eaux devant les côtes de lAfrique de lOuest, condamnant les pêcheurs de ces pays au chômage et faisant deux des réfugiés. Il est tout aussi problématique dexporter des tomates au Ghana et des cuisses de poulet au Cameroun, privant les paysans locaux de leurs moyens dexistence. Les barrières commerciales et des subventions élevées aux produits agricoles dEurope, qui dévalorisent les places commerciales africaines et les produits de lagriculture régionale, paralysent les initiatives des autochtones.
Tout cela contribue à ce que les hommes et les femmes, en particulier les plus jeunes et les actifs, qui aspire au bonheur individuel, le recherchent en Europe plutôt quen Afrique.
Il est donc bien que des progrès aient été accomplis lors des négociations sur un nouvel accord commercial international à Bali en décembre. Il importe de rendre les frontières dans lensemble moins hermétiques, pour permettre léchange de biens et de services en provenance des pays dAsie, dAfrique et dAmérique latine. Cela devrait contribuer à donner de lélan aux économies nationales des pays pauvres. Cela ne sera certainement pas préjudiciable a à lEurope.
La frontière extérieure de lUnion européenne est cependant aussi une frontière très concrète pour beaucoup de gens, qui veulent émigrer en Europe ou se mettre à labri derrière cette frontière. Les images terribles de bateaux qui chavirent sont lexpression dramatique de la tentative dinnombrables personnes de chercher refuge derrière de mur par méconnaissance ou au mépris du danger de mort. Ces images nous interpellent. Ces mêmes scènes qui se sont déroulée devant la côte italienne, et que lon ne peut pas oublier, se déroulent devant les côtes de Malte et dans le détroit de Gibraltar. Ou encore dans les deux enclaves européennes sur le continent africain, Ceuta et Melilla. Et à la frontière entre la Grèce et la Turquie. Et ces scènes ne se déroulent pas seulement en Europe. Aux actualités, nous voyons des Africains qui ont cherché refuge en Israël protester contre leurs conditions de séjour. Partout où, là-bas et ici, les niveaux de vie et les perspectives sont différents, des individus tentent, souvent au péril de leur vie, de franchir des frontières qui sont de véritables forteresses, par exemple entre le Mexique et les États-Unis. Une chose est certaine : les tentatives de beaucoup pour atteindre lEurope iront encore en augmentant. Il faut que lEurope sattaque aux problèmes qui en résultent, car ils ne disparaîtront pas.
À Munich, Berlin et Hambourg, des travailleurs migrants et des migrants qui ont fui la pauvreté ont érigé des camps, et revendiquent un droit de séjour et lautorisation de travailler. Ils le font indépendamment des raisons personnelles pour lesquelles ils souhaitent vivre en Allemagne. Un certain nombre sympathisent avec ces migrants, qui sont en règle générale des hommes jeunes. Et des slogans tels que « Refugees bleiben » (les réfugiés doivent rester), « Open Border » (frontière ouverte) ou « Niemand ist illegal nirgendwo » (personne nest illégal, nulle part ») en sont lexpression concrète. La plupart admettent quil nest pas raisonnable dexiger « louverture des frontières pour tous » et que plus il y a de réfugiés, moins cela les aide, mais ils exigent quand même une solution. À juste titre. Mais à quoi une solution peut-elle ressembler ?
Le cosmopolitisme
Comme citoyennes et citoyens dune ville cosmopolite, nous pouvons peut-être espérer trouver dans le principe du « cosmopolitisme » des idées qui nous permettront davancer aussi dans le début public sur des solutions. Kwame Anthony Appiah, enseignant à luniversité né à Londres et ayant grandi au Ghana, a écrit un ouvrage philosophique, Pour un nouveau cosmopolitisme, dans lequel cette notion joue un rôle central. Ethics in a World of Strangers est le sous-titre de loriginal en anglais. La question dAppiah est celle-ci : de quoi sommes-nous redevables aux étrangers en raison de notre état commun dêtre humain ?
Le cosmopolitisme est une aventure et un idéal, dit lauteur. Et aucun devoir de loyauté local ne doit nous faire oublier que chaque être humain a des devoirs envers tous les autres êtres humains. Selon Emmanuel Kant, le respect moral de la dignité humaine est fondé sur l« humanité en la personne de chaque individu ». Dans un monde tel que nous nous limaginons, où les devoirs de loyauté régionaux, nationaux et religieux coexistent pacifiquement, lhumanité nest pas une vertu du dimanche et lidée du cosmopolitisme est une idée nécessaire.
On peut reconnaître ce lien, même sans avoir fait des études de philosophie, et en tirer des enseignements pratiques : Kwame Anthony Appiah la illustré par lexemple de son père. Lauteur qualifie la position quil vaut la peine de défendre de cosmopolitisme partial. Son père, lun des meneurs du mouvement pour lindépendance de ce qui était alors la « Côte de lor », ne voyait pas de contradiction entre la partialité sur le plan local et la morale universelle. Cela est vrai aujourdhui plus que jamais : dans ce « un seul monde » dans lequel nous vivons, et ce pas seulement depuis la mondialisation numérique, on renonce à soi-même dès le moment où lon ne voit que son propre bien.
Derrière ce constat, il y en a un autre : Seul celui qui prend sa propre vie au sérieux peut convaincre de sa responsabilité envers les autres, le fait de prendre soin de soi est la garantie que lon prend soin du monde, a dit en substance le philosophe de Hambourg Volker Gerhardt. Et une chose est certaine : louverture complète des frontières de lEurope aurait des conséquences dont on aurait de bonnes raisons de sinquiéter.
LAllemagne ne pourrait plus être un État social et lEurope ne pourrait pas en devenir un, parce que lÉtat social ne peut pas apporter un soutien illimité à chacun, et sûrement pas au niveau actuel. Ou bien, il faudrait que nous fassions de nouveau une distinction, comme cétait le cas à Hambourg au 18e et au 19e siècles, entre « nos » pauvres et les pauvres « dailleurs », qui vivaient ensemble dans les rues de Hambourg. Si les frontières sont ouvertes sans condition, il faudrait que lEurope et lAllemagne acceptent les établissements humains informels dans les villes et à leur périphérie, que lon trouve dans de nombreux endroits du monde.
Pouvoir vivre sans frontières dans le monde entier est une vision davenir importante. Mais si nous voulions agir politiquement « sans frontières » dès maintenant, nous empêcherions cette vision davenir de se réaliser.
À vrai dire, ceux qui réclament vraiment et sérieusement des frontières entièrement perméables sont peu nombreux. Mais la perplexité règne. Elle se manifeste dans le fait que ceux, heureusement nombreux, qui estiment quil faudrait faire plus pour ceux qui, pour différentes raisons, aspirent à venir en Europe, ne trouvent pratiquement pas de mots pour exprimer ce que lon peut faire. Sans doute parce que chaque fois quune solution est proposée, il faut bien parler de limites si lon veut éviter les conséquences qui viennent dêtre esquissées.
La responsabilité commune de tous les États membres
Cela est clair : si lEurope veut trouver une bonne réponse aux flux de réfugiés, elle ne peut le faire quavec la participation de tous les États membres et solidairement. La pratique actuelle, selon laquelle les réfugiés restent en fin de compte dans le premier pays dans lequel ils ont touché le sol européen (sauf sils sy soustraient en fuyant ou en migrant de nouveau) fait lobjet de critiques répétées.
Une solution possible serait un système de quotas. Récemment, le Sachverständigenrat der Deutschen Stiftungen für Migration und Integration, conseil dexperts des fondations allemandes pour la migration et lintégration, a donné des pistes pour une répartition équitable des « charges » selon un modèle de quotas. Daprès le calcul, qui prend en compte entre autres le nombre dhabitants et la capacité de léconomie, lAllemagne devrait accueillir à peu près autant de réfugiés quelle le fait aujourdhui, soit au total, selon la méthode de calcul appliquée, environ 16 pour cent de lensemble des réfugiés arrivant en Europe. Une vingtaine de pays, dont la Grande-Bretagne, ainsi que, dailleurs, lItalie, devrait en accueillir davantage. Ce modèle de quotas, qui est basé sur la clé de répartition des 16 Länder appliquée en Allemagne, ne fait toutefois pas lunanimité parmi les États membres de lUnion européenne.
En Allemagne également, le niveau de vie nest pas le même partout. Mais si un réfugié dépose une demande dasile a Brême et doit vivre pendant la durée de la procédure à Ingolstadt, cela est acceptable, car le niveau de vie dans les deux villes est le même et, à quelques exceptions regrettables près, il est assuré. Par contre, il est peu probable quun réfugié qui dépose une demande dasile à Amsterdam accepte daller vivre à Bucarest. Les conditions de vie sont trop différentes. Pourtant, permettre à chaque réfugié qui est entré en Europe de choisir lui-même dans quel pays dEurope il veut vivre ne serait pas une solution praticable. Les chercheurs du Sachverständigenrat der Deutschen Stiftungen für Migration und Integration attirent lattention sur le « risque moral », cest-à-dire sur le risque que certains pays fixent pour lhébergement des réfugiés des normes dhébergement qui soient les plus mauvaises possibles, afin de dissuader les demandeurs dasile de les choisir.
Quoiquil en soit, à la fin du chemin, cest ensemble que tous les États membres de lUE devront assumer la responsabilité des réfugiés en provenance de pays tiers.
Les perspectives de la migration légale
Aucune solution « technique » ne nous dispense de répondre à la question dAppiah : de quoi sommes-nous redevables aux étrangers en raison de notre état commun dêtre humain ? Chez Willy Brandt, la réponse était : compassion.
Navid Kermani a rappelé dans une allocution intitulée « Vers lEurope » prononcée en 2005 à Vienne Paul Bowles, lécrivain américain décédé, qui décrit dans ses romans des occidentaux las de leur civilisation, qui fuient vers lAfrique pour échapper à leur vie vide de sens. Selon Kermani, aujourdhui (
) toutes les pensions de la médina de Tanger sont peuplées de gens qui ne demanderaient pas mieux que davoir une vie vide de sens en Occident pourvu que ça soit une vie. (
) Ils viennent de différentes régions du Maroc, de villages, de petites villes, de la métropole de Casablanca. Trois ou quatre dentre eux avaient fait des études ou suivi une formation, lun était ingénieur, lautre mécanicien en automobile. Les autres navaient rien dautre que leur courage. Cela ne fait pas de différence. Au Maroc, ils ne trouveront de toute façon pas de travail. Je leur demande quels sont les motifs qui les poussent à aller en Europe. Du travail, bien entendu, une vie normale, pas plus. Un peu de sécurité, ne pas avoir à se battre chaque jour pour survivre, pouvoir fonder une famille, ou pouvoir sortir au moins de temps en temps avec sa petite amie. La voiture et les vacances ne font pas partie de la vie normale dont ils rêvent, il est plus important pour eux davoir assez dargent pour pouvoir en envoyer de temps en temps à leur famille.
Les travailleurs migrants, les réfugiés, ceux qui fuient la pauvreté, ceux qui font dénormes efforts pour atteindre lEurope, font, comme lindique le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, le voyage ensemble : en courants mélangés. Les réfugiés et les travailleurs migrants dAfrique voyagent souvent dans le même bateau et les motivations des uns ne sont pas moins louables que celles des autres. Mais, parce que la proportion de ceux qui doivent être à vrai dire considérés comme travailleurs migrants, et la proportion de ceux qui quittent leur pays à cause de mauvaises perspectives économiques, sont peut-être plus élevées que celle de ceux qui fuient la persécution politique ou la guerre, il est justement important de réfléchir à des possibilités détablir des règles pour limiter la migration.
Ce nest pas parce que lAllemagne ou lEurope ont besoin de travailleurs qualifiés, cette limitation ne serait pas juste. Car la migration de travailleurs qualifiés dont on a besoin est déjà possible dune manière ou dune autre aujourdhui, même si cela ne va pas toujours sans complications. Non, il faut veiller à empêcher que des hommes et des femmes voyagent pendant des semaines et des mois, traversent parfois des déserts, soient exposés à de graves dangers et tentent, au péril de leur vie, dentrer illégalement en Europe. Klaus Brinkbäumer décrivait déjà en 2006 dans son reportage dans le Spiegel, pour lequel le prix Nannen lui a été décerné, l « odyssée africaine ». Avec John Ekow Ampan, qui vit aujourdhui en Andalousie, il a fait une deuxième fois le voyage du Ghana vers les côtes de la Méditerranée en traversant le Sahara. Il donne une description impressionnante des situations auxquelles des gens comme John Ekow sexposent pour trouver un avenir en Europe.
Les perspectives de migration légale doivent être telles quelles ne mettent pas à mal les marchés de lemploi européens, tout en étant suffisamment attrayantes pour que le nombre de ceux qui quittent leur pays au péril de leur vie diminue sensiblement. Cela serait une stratégie motivée par des raisons humanitaires.
Une solution pourrait consister à faciliter lobtention dune autorisation de séjour et dune autorisation de travail à ceux qui ont un emploi concret en perspective. Peut-être peut-on aussi autoriser un nombre limité à entrer en Europe pour y chercher du travail. Ce genre de concept existe en effet déjà : avec le modèle de points proposé il y a un certain temps par la commission Süssmuth et appliqué déjà aujourdhui dans beaucoup de pays dimmigration comme le Canada. Les États-Unis ont instauré un système de tirage au sort pour les candidates et candidats intéressés par un visa de travail et remplissent certaines conditions de qualification. Europe devra apprendre des États qui ont une expérience plus longue de limmigration de travail à notre époque.
Les incidences de la liberté de circulation en Europe sur le marché de lemploi européen ont fait lobjet de nombreuses études, dont les résultats ont de quoi étonner. En Suède notamment, qui a ouvert son marché de lemploi il y a longtemps déjà, des difficultés ne sont que rarement rapportées. Cela devrait sexpliquer par limportance des conventions collectives, qui sappliquent également aux nouveaux venus.
On peut tirer de ces expériences des enseignements également pour limmigration en provenance de pays tiers vers lEurope et lAllemagne. Si lon réussissait en Allemagne à revenir à un système de relations de travail fondé sur des conventions collectives, si un salaire minimum légal pour tous et des salaires minimum par branche protégeaient contre le dumping social, si le nombre des emplois précaires dans le cadre de contrats de louage de services pouvait diminuer de même que labus des contrats dintérim, si le travail au noir et le travail informel diminuaient vraiment, lAllemagne pourrait offrir aux travailleurs migrants de pays tiers plus de possibilités que ce nest le cas actuellement, sans que les travailleuses et travailleurs qui vivent aujourdhui en Allemagne en pâtissent. La Suède peut être citée sur ce point en un exemple.
Peut-être que les employeurs préoccupés par le manque de travailleurs qualifiés qui se dessine pourraient proposer ceci aux syndicats et aux politiques : une ouverture prudente du marché de lemploi aux ressortissants de pays tiers en échange dune réglementation commune du marché de lemploi.
Actuellement, lautorisation préalable de ladministration du travail est souvent exigée pour pouvoir embaucher des ressortissants de pays tiers. Ladministration procède à un « examen de priorité » et vérifie si lemploi peut être attribué à des demandeurs demploi ressortissants de lUE. Ce qui nest pas simple, vu létendue du marché de lemploi européen. Cest ici que louverture prudente du marché de lemploi pourrait être amorcée. Peut-être pourrait-on commencer par essayer dautoriser à conclure des contrats de travail avec des ressortissants de pays tiers sans examen de priorité dans les secteurs où des conventions collectives ont été déclarées obligatoires pour tous selon la loi sur les conventions collectives.
Sugarcandy Mountain
LEurope devrait être aussi moins restrictive en ce qui concerne la délivrance de visas. Beaucoup de jeunes scientifiques et dartistes de pays tiers ont des difficultés à obtenir un visa. Dautres ne peuvent pas rendre visite à des parents en Europe et quand des personnes aisées membres des classes moyennes dun pays dAfrique ou dAsie demandent un visa pour se rendre en Europe uniquement pour faire du tourisme, on ne les croit pas. Les consulats des États membres de lUE supposent souvent que la « volonté de repartir » ‒ telle est la formule employée dans le droit allemand fait défaut. Les consulats des États membres devraient être incités à être plus courageux dans la délivrance des visas. Peut-être que le projet européen de « frontières intelligentes » qui prévoit la mise en place dun système denregistrement des entrées et sorties des ressortissants extra-européens aux frontières extérieures de lUE, ainsi quun programme denregistrement pour les voyageurs feront avancer les choses. Les personnes qui restent dans le pays de destination après lexpiration de leur visa sans y être autorisées, appelées les « visa-overstayer » pourront alors être plus facilement identifiées. Une frontière plus sûre pourrait donc être la condition dune pratique de délivrance des visas moins restrictive.
Cela est important pour une autre raison également. Dans les pays extra-européens, par exemple en Afrique, il faut aussi se faire une idée réaliste des possibilités de vivre en Europe.
Prenons notre pays, lAllemagne, regardons les statistiques du chômage. Plus de la moitié de nos chômeurs de longue durée nont pas de diplôme de fin de scolarité et pas de qualification professionnelle. La reprise sur le marché de lemploi, laugmentation de lemploi en Allemagne laissent de côté ceux dont le niveau éducatif ou le niveau de qualification professionnelle nest pas suffisant. Et le nombre demplois peu qualifiés ne cesse de diminuer. Un coup dil sur lévolution de lemploi par qualification à Hambourg de 2000 à 2010 permet de constater que lemploi des personnes qui nont pas suivi de formation professionnelle a baissé de plus de 15 pour cent en une décennie.
En Allemagne, un pourcentage non négligeable de jeunes sera toujours non qualifié, ce qui sera un problème pour le marché de lemploi futur. Or, daprès une analyse réalisée pour la stratégie de Hambourg pour la qualification de la main-duvre, à lavenir, les besoins en personnel non qualifié seront faibles.
Cela nous amène à tirer une conclusion amère mais réaliste : les personnes qualifiées et formées du monde entier auront leur chance en Allemagne. Ceux qui prennent la route ou le bateau en direction de lEurope et ne font pas partie de ce groupe de personnes qualifiées ne parviendront sans doute à sinsérer sur le marché de lemploi allemand que sils ont beaucoup dambition et au prix defforts considérables. Une grande partie des emplois peu qualifiés se trouve aujourdhui dans beaucoup de pays émergents, et plus en Allemagne. Peut-être que sils connaissaient mieux la réalité européenne, beaucoup seraient incités à rester dans leur pays et à continuer à tenter leur chance dans leur pays en dépit de toutes les difficultés. Mais cela ne marchera pas si lEurope reste une inconnue et une « montagne de sucre candi » comme le disait George Orwell en se moquant de ceux qui promettaient une vie meilleure dans lau-delà, au lieu de veiller à de meilleures conditions ici-bas.
Une intégration réussie
En tout cas, seuls ceux qui remplissent les conditions posées pourront rester. Cela vaut pour les réfugiés comme pour les travailleurs migrants. Et cela ne sera pas différent si les conditions sont modifiées dans le sens précisé ici. La pratique devrait toutefois toujours être en prise sur la vie, ce qui signifie : lorsque lintégration réussit pendant la procédure la plupart du temps longue, cela devrait avoir des conséquences. Donc, celui qui a un travail qui lui permet de vivre, fréquente lécole ou mène à bien une formation, doit pouvoir en récolter les fruits. Dautres changements dans la situation devraient également avoir des incidences positives. Et non comme cest souvent le cas aujourdhui avoir un effet plutôt négatif, parce que lon est entré dans le pays pour dautres raisons.
Les procédures dinstruction des demandes dasile en Allemagne, comme dans beaucoup dautres pays sans doute, sont longues. Cest pourquoi il est juste que les demandeurs ne soient pas condamnés à linactivité pendant toute la durée de cette procédure, mais puissent obtenir rapidement une autorisation de travail. Cela leur ferait du bien, car leur confiance en eux et leur dignité seraient renforcées. Toute personne qui préfère travailler et veut pouvoir assurer elle-même sa subsistance, ne devrait pas avoir à être à la charge de lÉtat. Je suis très heureux que le nouveau gouvernement sapproprie ce thème et veuille permettre dobtenir une autorisation de travail au bout de trois mois.
Une intégration réussie devrait indépendamment de lissue de la procédure de demande dasile permettre de séjourner en sécurité en Allemagne. Cest pourquoi, par exemple, sur linitiative de Hambourg, le Bundesrat, la chambre des représentants des Länder, a demandé que lexpulsion des jeunes qui nont pas obtenu lasile soit temporairement suspendue. Ceux qui préparent un diplôme de fin de scolarité doivent ainsi avoir lassurance de pouvoir rester. Et bien entendu, les jeunes doivent pouvoir suivre une formation professionnelle sans se heurter à lobstacle des règles du marché de lemploi, ce qui est heureusement possible depuis quelque temps.
Franchir des frontières pour trouver la sécurité a pour ceux qui fuient la guerre ou la faim une importance existentielle. Il est vérifié dans le cadre des procédures de lÉtat de droit si cest bien pour ces raisons quils ont quitté leur pays. Mais si pendant la durée de la procédure, ils réussissent à sintégrer, ils doivent pouvoir rester, même si à la fin de la procédure, ladministration ne reconnaît pas les motifs de leur départ.
Un défi à la morale
Je le répète : nous avons la responsabilité, à Hambourg et en Europe, daméliorer les perspectives dans les pays dorigine. Nous avons donc le devoir de modifier notre politique douanière et commerciale, et en même temps, de conduire une politique de coopération au développement engagée, orientée sur les besoins et les connaissances sur place. Dans les pays riches, on peut faire plus, dit Kwame Anthony Appiah, et cela est, dit-il, une exigence morale. Il a raison.
Mais nous savons aussi quen politique, les solutions simples sont très rares. Daucuns estiment que la « politique » et la « résolution des problèmes » sont inconciliables. Je ne partage pas ce point de vue. Là où la solution ne se présente pas delle-même, il faut la chercher. Et de petits pas peuvent être associés à de grands sentiments.
Lavenir de Hambourg dans une Europe unie dans un monde qui souvre de plus en plus à tous nous fixe les objectifs politiques communs. Lun deux est laplanissement des frontières administratives qui entourent lEurope. Car nous avons une responsabilité, pas seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour tous ceux qui ont le même droit de vivre sur cette planète. Kwame Anthony Appiah a saisi le caractère de la politique lorsquil dit que dune certaine manière, le cosmopolitisme nest pas le nom dune solution, mais dun défi. « À Hambourg, nous relevons le défi ».